La belle étrangère

J'aime cette aiguille...

Lumineuse et élancée...

Liée à la même roche que la falaise...

Mais isolée au milieu des flots...

Rien ne la protège des éléments...

Que sa beauté fragile...

Un jour elle disparaîtra...

Le monde alentours continuera à s'effriter...

Offrant au promeneur ses blessures vertigineuses...

Comme une tentation vers le néant.

Texture

Souvent dans la forêt...

Je m'attarde auprès des arbres...

Abattus par la tempête...

La cassure est toujours compliquée...

Elle fait comme des vagues...

Suit des chemins tortueux...

La rupture est comme une souffrance...

Alors que dans une coupe à la tronçonneuse...

On ne se pose même pas la question !!!

Prémonitoire

J'avais photographié ce tag en décembre 2007...

Il avait raison le petit d'avoir "punk"...

Cauchemar général.

Mais après tout, on a déjà connu ça...

Tout à l'heure je révisais mes slogans de 68...

On trouvait de jolies formules sur les murs parisiens :

" Je participe

Tu participes

Il participe

Nous participons

Vous participez

Ils profitent."

Ou encore :

"CRS, ceux que vous frappez...

Sont toujours plus sympathiques...

Que ceux qui vous commandent."

Alors les jeunes...

Vous nous la faites quand cette Révolution ?

La petite colère de Poséidon

Ce quinze Août c'est...

Averses et bourrasques de vent du Nord...

Un temps de Toussaint...

Pour la fête de la mer et des peintres...

Peu de pêcheurs ont eu le temps...

De décorer leur bateau...

Les touristes et les goélands...

Attendent l'éclaircie...

Quant aux peintres...

Il y a ceux qui ruminent...

A l'abri du coffre de la voiture...

En sirotant le nième petit blanc

L'illuminé qui, abrité sous des plastiques transparents...

Voit la couleur partout...

Quoi qu'il arrive...

Et la passionnée...

Cheveux au vent...

Drapée d'un rouge imperméable...

Qui dramatise...

La petite colère de Poséidon

C'était avant le "bug" de l'an 2000

Mon premier été à Fécamp...

Le soir je regardais les falaises vers Grainval...

Qui rougeoyaient sous le soleil couchant...

Sur les quais, les cordages vivants...

Échappaient aux  doigts des marins... 

Et il y avait ce violoniste...

J'utilisais encore le kodachrome 25 légendaire...

Puis après ce bug de l'an 2000, qui n'a jamais existé...

Tout s'est accéléré...

Le kodachrome 25 a disparu...

Et bien d'autres choses, indispensables à une vie sereine.

Cimetière marin

Photo LOMO Fisheye

J'étais là à regarder le monde avec mon œil de poisson...

J'ai aperçu cette tombe unique sur un coin d'herbe...

Face à l'embarcadère des ferries...

Un vieux marin est arrivé avec son arrosoir...

Et en pleurant, il m'a raconté son petit fils disparu en mer...

En 2006, avec ses deux compagnons...

son corps n'a pas été retrouvé...

Je l'ai écouté sans savoir que lui dire...

Je  repensais à ce moment d'émotion aujourd'hui...

En voyant le bébé goéland du toit d'en face...

Prendre son premier envol...

Un poète breton disait :

"L'âme de nos marins plane sur l'océan...

Je l'ai vue ce matin...

Sous l'aile d'un goéland".

Un autre monde

Ici les gens auront du mal...

A travailler plus et plus longtemps...

Les usines sont fermées depuis 20 ans...

Mais plutôt bien conservées...

Dans les petites rues miteuses qui descendent vers le centre...

On rencontre des gens de toutes les couleurs...

Assis en travers, qui boivent , qui fument...

Mais se déplacent pour vous laisser le passage...

Et vous saluent aimablement...

Heureux qu'un étranger pénètre leur univers...

tout est calme, même pas un flic.

Le samedi on revêt les habits de fête...

Pour accueillir ceux qui se marient à l'église...

Et descendent d'une limousine improbable...

A l'intérieur de pacotille...

Le plus beau jour de leur vie...

Même pas de nuit au Fouquet's...

Ni d'île dans le Pacifique...

Incroyable non!!!