mercredi 26 mars 2014

La vie en autarcie, une fuite dans la laguna

Quand elle m'a vu partir pour Manati...
Ma belle sœur Mirtha m'a dit...
"A Manati, la salle de bain, c'est la rivière devant toi...
Et les toilettes, c'est l'arbre derrière toi"...
Et elle avait tout à fait raison.
A Pucachpa par contre, la vie est rythmée par Rusber...
Qui en bon ingénieur agronome...
A domestiqué la jungle autant que faire se peut...
Ce matin là il avait détecté une fuite dans la Laguna.
La Laguna, c'est la réserve d'eau douce et "pure"...
Qui alimente la famille pour la cuisine, la douche, la lessive...
C'est aussi la réserve de poissons...
La fuite laissait échapper trop d'eau vers l'Amazone...
Distante d'environ 200 mètres...
Évidemment il fallait faire vite...
Et pas question d'appeler le plombier...
Alors on a fait un barrage...


Avec des pieux et des planches...
Étanché par de l'argile, disponible un peu plus loin...
Et porté sur la tête dans de grandes bassines.

Les planches et les pieux sèchent dans cette remise...


Et ils sont directement fabriqués à partir des arbres abattus...


Et débités en planches sur place.
Évidemment, il a fallu que je fasse une remarque à la con...
"Oui mais, vous assemblez avec des clous"...
Un peu vexé, Rusber a admis que ça n'était pas logique...
Et que, son père faisait les assemblages avec un liane imputrescible...
Qui est toujours disponible pour les puristes.

samedi 15 mars 2014

Manati, Tio gringo

Dès notre arrivée sur l'île...
Nous nous sommes retrouvés parmi les enfants...
Qui couraient pieds nus sur le sol sablonneux...


Sans trop faire cas de notre présence.

Pendant la promenade sur l'île...
Nous avons croisé beaucoup d'enfants...
Intrigués par notre groupe hétéroclite...
Et mon apparence de "gringo"...
Cette image me colle à la peau depuis Mazan en 2012...
Où une petite fille m'avait déclaré qu'elle aimait bien les gringos...
Pour moi ça n'a rien de négatif...
Je ne me sens pas "gringo insipido" parmi les enfants...
Avec les adultes, c'est une autre histoire.
Au départ on sentait les enfants un peu timides à notre égard...
Comme ce petit qui se cache derrière son "palito"...

 


Ou cette demoiselle qui fait mine de jouer...


 

Puis il y a eu cette visite où nous avons bu le massato...
C'était une ambiance étrange...
La maison est occupée par un homme jeune...
Aveugle et paralysé des deux jambes...
Qui aime recevoir des visites...
Sa seule distraction.
Il est soigné par sa sœur...
Et a deux petites filles très espiègles...
Elles sont tout de suite venues à côté de moi...
Et progressivement sur mes genoux...
Pour me toucher et voir si j'étais bien réel.
Je les ai photographiées...

 

Et très vite elles m'ont appelé "tio gringo"...
Ensuite tous les gamins ont été très souriants à mon égard...
Et les petits enfants de Doña Evila...
Ont pris la pose pour moi...

 

Avant de venir m'embrasser pour le départ.

Manati, le paradis perdu de Doña Escolastica

Doña Escolastica c'est ma belle-mère...
Elle vit à Iquitos, une retraite heureuse,chez ses filles...


Toute sa vie, elle a travaillé très dur dans son exploitation...
Sur l'île de Manati, pour élever ses dix enfants...
Sara m'a souvent parlé de son île...
Des récoltes de riz, de maïs, de manioc...
De la laguna avec ses poissons et même un dauphin...
Après une inondation.
Évidemment pour moi c'était un rêve d'aller à la découverte...
De ce paradis.
Lors de nos derniers séjours à Iquitos...
Nous avions buté sur le problème des liaisons par bateau...
On pouvait aller sur l'île mais jamais revenir à temps pour repartir à Lima...
Cette année, Sixto, mon beau frère , a trouvé une solution...
On prend un bateau qui nous dépose sur l'île six heures plus tard...
On passe la nuit "chez des gens"...
Et le lendemain on trouve sur place...
Un bateau de pêcheurs, qui nous emmène à Pucachpa...
Le domaine de son frère, à trois heures d'Amazone environ.
Après deux jours sur place, on reprend un bateau régulier vers Iquitos.


Le bateau pour Manati était confortable...
Beaucoup de hamacs, assez peu de produits agricoles...

 


Évidemment comme nos compagnons de voyage allaient aussi à Manati...
Luisa a lié connaissance avec une dame...
Qui connaissait une autre dame amie de la famille...
Doña Evila...
Qui habitait près de chez elle.
Nous avons débarqué  et avons été reçus chez Doña Evila...
Comme si nous étions attendus...

 

Très vite, toute la famille était là...
Ainsi que Modesto, un ami d'enfance des filles.
Comme la nuit était proche...
Nous sommes partis visiter ce qui restait du domaine de la maman de Sara.
A la sortie du village, Modesto nous a présenté Don Juan Vargas.

 


Un ami de la famille aussi, qui tressait des feuilles de palmiers...
Puis nous nous sommes engagés dans l'étroit chemin...
Longeant l'ancien domaine...

 


En essayant de persuader les poulets de ne pas nous suivre...
Presque une demi heure de marche et pas de trace de culture formelle...
Quelques maisons plantées dans la jungle...

 

Une famille fabricant du charbon de bois...
Et nous sommes arrivés devant la maison de la nouvelle propriétaire du domaine...
Qui cultive juste ce qu'il lui faut pour vivre...


Seul le chaton était sympathique.
La laguna a été reprise par la jungle...
Et Modesto, se rappelant aussi ses souvenirs d'enfance...
Nous a invités, non sans humour, à reprendre possession du domaine...
Pour lui redonner sa splendeur d'antan.
Nous avons marché encore un peu...
Et visité une famille qui nous a offert le massato...
Puis nous sommes rentrés au village avant la nuit.


Pour une veillée à la lamparine...


En buvant un café pour faire passer le massato.
Après une nuit improvisée dans la pièce principale
Avec une magnifique vue sur le ciel étoilé...
Et un petit déjeuner à base de piranhas...
Toute la famille nous a accompagnés...
Jusqu'à l'embarcadère...

 

Où nous attendait Modesto dans son peque-peque.



Nota: Le massato est une bière de manioc fermentée à la salive (d'une dame de la maison, sûrement)
 


dimanche 9 mars 2014

Iquitos, le Carnaval 2014

La fête commence une semaine avant la date officielle...
Par des lancés de seaux d'eau dès le samedi...


Tous les petits commerces vendent aussi des "bolas de agua"...
Qui font la joie des enfants...


Le dimanche on bénéficie  de sonos sauvages...
Qui offrent une cacophonie remarquable...
Très appréciée des autochtones.

La semaine qui suit est calme.

Mais dès le samedi matin du week end fatidique...
Les moto taxis traînent péniblement de jeunes palmiers...
Qui servent à fabriquer les "humishas"...
Que je qualifierais d'arbres à gamelles...
On prend deux palmiers...
On les met bout à bout...
Les palmes de l'extrémité du second...
Sont tressées en une croix couronnée...
Sur laquelle on accroche...
Un maximum de gamelles en plastique multicolores...

 


En fin d'après midi du samedi...
Les humishas sont dressés avec plus ou moins de succès...
Accompagnés de musique, danse et jeux d'eau.
La soirée est calme...
La fête redémarre le dimanche en fin de matinée...
Les sonos braillent au maximum...
Les jeux d'eau recommencent...

 


Et très vite arrivent les jeux de mains avec les couleurs...
Les "lolitas" effarouchées hésitent à entrer dans la danse...

 

Le tripotage avec les peintures colorées se généralise...

 

Même les petits  sont mis à contribution...

 

Évidemment la cerveza coule à flots...

Jusqu'à ce qu'une bagarre (pelea) éclate...


 

Toujours attisée par quelques mégères.
La police arrive...
Et repart sous les huées de la foule...
Les clans adverses...
-voisins avec de vieilles rancunes...
-Clan des émigrés Colombiens...
Mettent leurs bagarreurs au frais...
Le temps de faire baisser la tension...
Quand tout est redevenu calme...
A la nuit tombée dans notre cas...
On procède a la cérémonie de l'abattage de l'arbre humisha...
Un groupe d'initiés exécute une sorte de danse du scalp...
Autour du pauvre abre...
Et le "leader" armé d'une machette entaille la base du totem...
Jusqu'à ce qu'il tombe...



L'assistance se précipite alors...
Pour récupérer les gamelles...
Et les brandir avec fierté aux yeux de tous...


Et c'est la fin du carnaval...
Et surtout des sonos de merde.

samedi 8 mars 2014

Pucachpa, le transistor, le CHE et le pasteur Baptiste

A Pucachpa quand vient la nuit...
Les cigales se mettent à chanter...
Le ciel s'illumine de milliers d'étoiles...
Et dans la pièce principale...

 

On déploie les hamacs...
Et on allume l'ampoule de 25w alimentée par un panneau solaire...
Seule concession faite au modernisme.
Cette année, la moitié de la pièce...
Était occupée par la récolte de maïs...
Et un pasteur Baptiste...
Qui égrenait les épis


 



Et puis surtout il y a le transistor posé sur une petite table...
Un vieux truc rescapé des années 70...
Antenne télescopique cassée prolongée par un fil de fer...
Plus d'interrupteur, ni de réglage de volume...
Mais il suffit de retirer une pile...
Pour l'arrêter.
Il est calé sur une radio grandes ondes...
Et gueule inlassablement...
Soit des matches de foot...
Soit des discours politiques...
Dans la plus pure tradition Bolivarienne...
Ce qui était le cas ce soir là...
Les richesses naturelles restituées au peuple...
Le capitalisme dehors.
Les hamacs se balançaient...
Assis sur mon banc de bois...
J'essayais d'oublier les piqures de moustiques, de sanguros...
Les fourmis qui me bouffaient les pieds...
En pensant au CHE...
Qui est passé par ici lors de son voyage initiatique...
L'épaisse fumée de son havane...
S'élevait au dessus des hamacs...
Et allait chasser toutes les bestioles...
"Hasta la victoria siempre"...
Et tout à coup, plus rien...
L'enfoiré de pasteur avait sorti la pile du transistor...
Et apparaissait bible à la main...
Sous les 25 Watts des projecteurs...
C'était l'heure du sermon...
Tous ceux des hamacs ont sauté à terre...
Pour écouter "la palabra de Dios"...
Une heure, il nous a bassinés...
Avec son "Pecado original"...
Et autre variation autour de Jean le baptiste...
Au final nous sommes allés nous coucher...
Et le pasteur ,bon apôtre, nous a proposé son lit...
Dans la chambre à côté...
Sans nous préciser...
Qu'il se situait sur le parcours des rats...
Qui venaient bouffer son maïs la nuit.   


vendredi 7 mars 2014

MANATI, la migration des calebasses

Arrivés à Manati en fin d'après midi...
Nous avons fait une grande balade sur l'ile...
Sous la conduite de Doña Evila...
Et de Modesto un ami d'enfance de Sara et Luisa.
Nous avons traversé ce qui reste du domaine de la maman de Sara...
Pour constater que la nature avait repris ses droits.
Au bord du chemin, Sixto le mari de Luisa ...
Me montre deux énormes fruits dans un arbre...

 


Des calebasses...
Modesto toujours prêt à faire plaisir à ses copines...
Nous les cueuille.
Le lendemain quand nous sommes partis pour Pucachpa...
Elles étaient déjà chargées dans le peque-peque de Modesto.

 

C'est lui qui avait proposé de nous conduire...
A ses dires, un parcours sans risques par beau temps.
Sixto, d'accord, s'installe à la proue...
Pour guider l'embarcation pendant les 3 heures de navigation...
Qui nous séparent de Pucachpa.

 

Il connait le chemin par cœur...
Lui qui venait souvent de Pucachpa...
Draguer les filles de Manati dans sa jeunesse.
Avec Sara nous étions quand mêmes un peu inquiets...
Vu l'état de délabrement  avancé du peque-peque...
Mais bon, ici, il n'était pas pire qu'un autre.
L'Amazone n'est quand même pas un fleuve tranquille...
Il y a des courants terribles...
J'ai vu l'an passé, notre bateau chargé de passagers et de marchandises...
Se mettre a tourbillonner comme une coquille de noix...
Lors d'une panne de moteur.
Il y a aussi les poissons pas sympas...
Justement le matin au petit déjeuner...
Nous avions mangé de délicieux poissons blancs...
Quand j'ai demandé ce que c'était...
On m'a dit que Sixto les avait ramenés du Rio Blanco...
Le lundi précédent...
Des piranhas.
Bon au final tout c'est bien passé...
Et les calebasses sont arrivées intactes à Pucachpa.
Le lendemain matin en attendant qu'une averse passe...
Pour aller récolter les platanos et les papayes dans la jungle...
Sixto a attaqué la découpe des calebasses à la scie à métaux...



Très habile de ses mains mon beau frère!
Et après les avoir évidées...


Elles étaient prêtes à l'utilisation...
Pour prendre une bonne douche dans l'Amazone.

IQUITOS, la voisine d'à côté

Elle doit avoir la soixantaine...
Plus grande que la moyenne...
Et très souriante.
C'est un plaisir de l'admirer le soir...
Quand elle sort ses poubelles en mini-jupe.


Son entrée est située dans les buissons...
Et les allées et venues vers sa maison ...
Restent discrètes.
Malgré mon espagnol limité...
J'ai cru comprendre qu'elle arrondissait ses fins de mois...
En louant ses chambres pour des passes.
En réfléchissant je me suis souvenu...
D'avoir vu sortir de l'allée un après midi...
Un couple de quadras au comportement plutôt amoureux...
Rien d'anormal en cette période caniculaire du carnaval!
Puis ce matin un moto taxi s'est arrêté à proximité...
Une jeune dame est descendue et à pris furtivement...
La direction de l'entrée...


Le chauffeur a garé son engin...
Et a pris le même chemin.
Une demi heure plus tard...
Le moto taxi est reparti avec la même passagère...
Après tout, peut être sont ils allés visiter de la famille.
Mais les entrées buissonnières...
ça fait toujours rêver.